Sri Aurobindo & Mère – Deux Avatar
Avatar, mot sanskrit (langage ancien de l’Inde), signifie « descente du ciel ». Mère décrit l’Avatar comme étant « l’incarnation terrestre de la Vérité suprême ». C’est l’incarnation du Divin dans une forme vivante matérialisée, soit dans un être humain.
Sri Aurobindo explique que « L’humanité traverse à l’heure actuelle une crise évolutive qui secrètement recèle le choix de sa destinée ; car le mental humain est parvenu à un stade où il a accompli un immense développement dans certaines directions, tandis qu’en d’autres il est arrêté et, désorienté, ne peut plus trouver son chemin. […]
[…] Une vie d’unité, de réciprocité et d’harmonie, née d’une vérité plus profonde et plus vaste de notre être, est la seule vérité de vie qui puisse remplacer avec succès les constructions mentales imparfaites du passé… C’est ce changement, ce remodelage de la vie que l’humanité commence aveuglément à chercher, et de plus en plus, maintenant, avec le sentiment que son existence même dépend de la découverte du chemin. […]
[…] Ce qui est nécessaire, c’est qu’un changement d’orientation se produise dans l’humanité —, un tournant que quelques-uns, ou même un grand nombre, pourront sentir —, et que les hommes aient la vision de ce changement, qu’ils sentent sa nécessité absolue, perçoivent sa possibilité, aient la volonté de le rendre possible en eux-mêmes et de trouver le chemin. Cette tendance ne fait pas défaut, et elle ne pourra que s’accroître en même temps que s’accroît la tension de cette crise de la destinée humaine. » – La Vie Divine
Pour un changement de cette importance, le Divin doit intervenir lui-même dans sa création. À chaque crise évolutive, il descend et initie le travail. C’est l’arrivée de l’Avatar.
Avec Sri Aurobindo et Mère, se sont deux Avatars qui se sont incarnés simultanément sur terre pour effectuer la même mission. Sri Aurobindo incarne la vibration complète du Seigneur suprême (aspect masculin du Divin) et Mirra Alfassa, celle de la Mère suprême (aspect féminin du Divin).
Sri Aurobindo
Aurobindo Ghose, troisième fils d’un médecin, est né à Calcutta le 15 août 1872. À l’âge de sept ans, il est envoyé en Angleterre, avec ses deux frères, pour y recevoir « l’éducation convenable d’un gentleman anglais ». Il étudie au collège St Paul à Londres, puis au King’s College de l’Université de Cambridge. Aurobindo passe ses années de formation coupé de la culture Indienne, sa culture maternelle.
Il retourne en Inde en 1893 et y travaille durant les 13 années suivantes au service du Maharaja de Baroda et en tant que professeur de collège. Durant cette période, il rejoint un groupe révolutionnaire et joue un rôle important dans les préparatifs secrets pour un soulèvement contre le gouvernement britannique en Inde.
En 1906, peu après la Partition du Bengal, c’est-à-dire la séparation de cette région en deux entités politiques, Sri Aurobindo quitte son poste à Baroda et vient à Calcutta. Il y devient l’un des chefs de file des nationalistes qui luttent pour l’indépendance totale de l’Inde.
Il est le premier leader politique en Inde à mettre ouvertement en avant, dans son journal Bandé Mataram (« Salut à la Mère »), l’idée d’une indépendance complète du pays. En 1907, il est arrêté pour la première fois pour “activités contre l’Etat”, et acquitté par manque de preuves.
Sri Aurobindo commence la pratique du Yoga en 1905 à Baroda. En 1908, il rencontre Lélé, un yogi tantrique, et en trois jours il a une des plus puissantes réalisations que le yoga peut procurer, l’expérience de la conscience du Brahman. En trois jours son mental devient entièrement paisible et vide, sans l’ombre d’une pensée.
En 1910, il se retire de la vie politique active et se rend à Pondichéry afin de se consacrer entièrement à sa vie spirituelle intérieure et à son travail. Son action est maintenant d’un autre ordre.
Le 29 mars 1914, il rencontre pour la première fois Mère, qui deviendra par la suite sa compagne spirituelle. Au cours de ses quarante années à Pondichéry, il développe une nouvelle méthode de pratique spirituelle, le Yoga Intégral. Son but est une réalisation spirituelle qui non seulement libère la conscience de l’homme, mais transforme aussi sa nature. Sri Aurobindo dit : « Mon yoga commence là où les autres finissent. »
De 1914 à 1920, Sri Aurobindo publie une revue en anglais, l’Arya, pour laquelle il écrit la plupart de ses œuvres majeures : Les Fondements de la Culture Indienne, La Synthèse des Yogas, la Vie Divine.
En 1926, à 54 ans, il se retire complètement mais garde un lien étroit avec ses disciples avec lesquels il entretient une énorme correspondance. Il entreprend alors son oeuvre majeure, un poème épique de près de 30000 vers : Savitri.
Le 5 décembre 1950, Sri Aurobindo quitte son corps.
Mère
Mère est née à Paris le 21 février 1878 sous le nom de Mirra Alfassa.
Elle s’intéresse au monde de la peinture et des artistes et à l’âge de seize ans environ, elle commence à suivre les classes de l’Académie Julian, une école de peinture. Plus tard elle étudiera à la prestigieuse Ecole des Beaux Arts. Elle est aussi une excellente pianiste et écrivaine.
Durant son enfance, elle connaît plusieurs expériences occultes mais sans en comprendre le sens ni l’intérêt.
En 1905, elle fait la connaissance de Max Théon, un personnage énigmatique aux pouvoirs occultes extraordinaires, qui lui donne la première explication cohérente des expériences qu’elle a spontanément depuis son enfance. Il lui enseigne alors l’occultisme au cours de deux long séjours qu’elle fait dans son domaine.
En 1914, Mère se rend à Pondichéry où elle rencontre pour la première fois Sri Aurobindo. Elle le reconnait immédiatement comme celui qui, pendant de nombreuses années, a guidé intérieurement son développement spirituel.
Après un séjour de onze mois, elle est obligée de revenir en France en raison du déclenchement de la Première Guerre mondiale.
En avril 1920, Mère rejoint définitivement Sri Aurobindo à Pondichéry, via le Japon et la Chine.
Dans un nouvel acte du drame du monde
Les Deux unis inaugurèrent un âge plus grand.
– Sri Aurobindo, Savitri
Lorsque Sri Aurobindo se retire en 1926, Mère organise et développe l’ashram. Sous sa direction, qui s’est poursuivie pendant près de cinquante ans, l’ashram est devenu une grande communauté spirituelle aux multiples facettes.
En 1958, après le départ de Sri Aurobindo, elle se retire à son tour pour aller à la racine du Problème – le changement de la conscience des cellules. De 1958 à 1973, c’est la lente découverte du Grand Passage à la prochaine espèce et d’un nouveau mode de vie dans la matière. Elle confie son extraordinaire exploration de la conscience cellulaire dans le corps humain à Satprem (un de ses disciples) qui recueille toute cette aventure intérieure dans les 13 volumes de l’Agenda de Mère.
En 1952, elle fonde le Sri Aurobindo International Centre of Education et, en 1968, un canton international, Auroville.
Mère quitte son corps le 17 novembre 1973.